dimanche 24 juillet 2016

Point lecture n°3 juillet 2016

Je vous livre mon avis sur mes trois dernières lectures en vidéo ! j'espère que ça vous plaira !




Endgame, tome 1 L'appel - James Frey et Nils Johnson-Shelton


Titre du livre :
ENDGAME tome 1 l’appel
Auteur :
James Frey et Nils Johnson-Shelton
Editions :
J’ai Lu
Genre :
Dystopie YA, science-fiction
Date de sortie :
Mars 2016
Pages :
565
Thèmes :
Jeu, énigme, mystère, combat, survie

Résumé éditeur :
Douze jeunes élus, issus de peuples anciens. L'humanité tout entière descend de leurs lignées, choisies il y a des milliers d'années. Ils sont héritiers de la Terre. Pour la sauver, ils doivent se battre, résoudre la Grande Énigme. L'un d'eux doit y parvenir, ou bien nous sommes perdus. Ils ne possèdent pas de pouvoirs magiques. Ils ne sont pas immortels.
Traîtrise, courage, amitié, chacun suivra son propre chemin, selon sa personnalité, ses intuitions et ses traditions.
Endgame n'a ni règles ni limites. Il n'y aura qu'un seul vainqueur.

Ce qui sera, sera …
Mon avis :
Endgame est une grande énigme, c’est LA grande énigme de l’humanité.
12 élus âgés entre 13 et 20 ans descendants des grandes lignées anciennes de l’humanité sont appelés par une entité divine du Peuple du Ciel. C’est l’heure de l’Appel. Afin de résoudre l’énigme, trois clés sont disséminées à différents endroits de la planète ; la clé de la Terre, la clé du Ciel, la clé du Feu. Chaque élu reçoit son propre message codé, ce message est introduit dans leur esprit par le messager du ciel. L’enjeu pour chacun d’eux sera alors de décoder son message qui le mènera à un indice. Chaque Joueur devra se battre et être le premier à résoudre l’énigme car sa survie ainsi que celle de sa lignée en dépendent.

Quels choix feront-ils ? Entre jeu d’alliance ou bien faire cavalier seul, il appartient à chacun d’établir sa stratégie pour gagner. Nous suivons donc 12 personnages au tempérament de feu, 12 ados surentrainés depuis leur enfance à participer à Endgame. Ils sont impitoyables, entrainés à manier les armes, à tuer, à survivre, car leur but est le même mais il n’y aura qu’un seul vainqueur. La violence est omniprésente dans Endgame, l’auteur ne nous épargne pas.

On se laisse très vite embarquer dans l’aventure, c’est rythmé et palpitant. Au niveau de la construction du récit, l’action est portée par les nombreux dialogues. Il n’y a quasiment que des dialogues, on suit un personnage différent à chaque chapitre. La lecture est fluide, rythmée et intense. A aucun moment je ne me suis ennuyée dans Endgame. Il y a énormément d’actions et on voyage sans cesse, on est transporté tout autour du globe au fil des pages.

Ce qui est génial dans ce livre c’est que l’auteur nous prend à partie et propose à ses lecteurs de participer au Jeu. En effet des indices sont disséminés tout au long du livre. Libre à vous d’aller chercher les indices, mais mieux vaut avoir son ordinateur ou son smartphone à proximité !
Personnellement je l’ai fait jusqu’à la moitié du livre, j’allais regarder les indices sur Internet. Bon, c’est bien, je pense que j’aurais adoré ce livre étant ado car c’est ludique et on a l’impression de participer à une vraie chasse au trésor. Après ça m’a soulé d’interrompre ma lecture donc j’ai arrêté mais le côté participatif du livre est un gros point positif.

Quel que soit votre choix de lecture, qu’elle soit active ou passive, Endgame a ce côté amusant du jeu de piste, et ce côté envoutant et mystique (on visite des lieux sacrés, des cercles de pierre mystérieux…).

Le seul petit bémol que je peux trouver c’est que j’aurai aimé peut-être un tout petit peu moins d’action et plus d’explication. J’aurai aimé que l’auteur nous donne plus d’informations sur les mystères qui entourent Endgame mais j’ose espérer que nous aurons plus de révélations dans le tome 2.

Cette lecture n’a pas été un coup de cœur mais j’ai passé un super moment intense. Je trouve que c’est une dystopie qui sort du lot, qui est « un peu plus pour adulte » que les autres. Une écriture fluide, addictive, on tourne les pages avec frénésie !

Citations :

« -Que dit la légende ?
-Qu’Endgame débutera quand la race humaine aura prouvé qu’elle ne mérite pas d’être humaine. Qu’elle a gâché le savoir qu’Ils nous ont donné. La légende dit aussi que si nous considérons la Terre comme une chose acquise, si nous devenons trop nombreux et si nous épuisons cette planète bénie, alors Endgame débutera. Pour mettre fin à ce que nous sommes et rétablir l’ordre sur Terre. Quelle que soit la raison, ce qui sera, sera. » p.69

En quelques mots :

Une dystopie originale ! Endgame ça décoiffe !
Un univers violent et envoutant. Je recommande ce livre aux amateurs de dystopie et à tous les lecteurs curieux de vivre une aventure palpitante.



Ma note pour ce livre :
3,5/5



mercredi 20 juillet 2016

Acquisitions livresque juillet 2016

Hello les booklovers, j'ai encore craqué ce mois-ci avec une vingtaine de nouveaux livres !!
Merci à mon chéri pour ces cadeaux, j'ai acheté des livres neufs et d'occasion. Je me suis fait plaisir et c'est ce qui compte !

Allez, je vous montre tout ça en vidéo, c'est par ici

Les yeux d'Astrid - Jean-Marie Kassab


Titre du livre :
Les yeux d’Astrid
Auteur :
Jean-Marie Kassab
Editions :
Persée
Genre :
roman
Date de sortie :
2015
Pages :
156
Thèmes :
Prise de conscience, argent, bonheur


Résumé éditeur :
Victime d'un père autoritaire, Francis, travailleur acharné devenu millionnaire fait récemment faillite. En instance de divorce de surcroît, le cumul des problèmes le mène au désespoir. Envisageant pour un moment le suicide, il se retrouve au hasard des routes face à face sur une plage déserte avec une inconnue prénommée Astrid. À travers quelques questions judicieuses, Astrid ouvre les yeux de Francis, l'aide à identifier ses problèmes réels et à poursuivre sa quête du bonheur pour retrouver la joie de vivre qui était en fait à portée de main. Leur débat prend la forme d'une vraie leçon de vie. Les dernières pages du récit réservent au lecteur des développements inattendus.

Mon avis
J’ai reçu ce livre en participant à la masse critique Babelio au mois de juin. Je les remercie ainsi que les Editions Persée pour cet envoi. Malheureusement je n’ai pas beaucoup apprécié ma lecture.

C’est l’histoire d’un homme riche à millions qui fait faillite et qui va connaître des moments difficiles. Lors de cette période où son esprit est tourmenté, il va revenir sur son passé.
Nous avons ses réflexions sur sa propre vie, on apprend notamment que c’est son éducation très stricte et presque militaire qui a forgé sa personnalité. Un père autoritaire au possible qui lui a enseigné l’importance des affaires, il lui a appris à être un requin, une vraie machine dans le travail, un coureur de millions acharné. Bref les sentiments ont très peu de place dans sa vie.

Tellement obnubilé par sa carrière il en a négligé sa femme et ses enfants. Lorsqu’il fait faillite il est au plus mal et prend du recul sur sa vie. Il rencontre Astrid de façon inattendue sur une plage déserte.
Quoi de mieux qu’une belle inconnue sur une plage ? N’est-ce pas un contexte propice aux confidences ? C’est alors qu’une discussion s’engage entre les deux êtres. Francis exprime des regrets sur sa vie, il va se livrer à cœur ouvert à cette belle inconnue.


J’ai trouvé l’histoire banale et clichée, trop facile et le personnage principal Francis beaucoup trop stéréotypé. Je n’ai pas du tout aimé le personnage de Francis, pourquoi il a fallu qu’il soit en faillite pour soudainement réfléchir et se rendre compte qu’il a négligé sa femme ?
Quant à Astrid elle représente un peu un fantasme pour la gente masculine.
Le climat entre les deux personnages est tout de suite très familier, comme un coup de foudre amical. Je n’ai pas accroché à l’histoire ni aux personnages, tout est très peu crédible. C’est un récit qui se veut philosophique mais ça ne m’a pas touché.
Oui la fin est sympa, on a une petite révélation. Finalement il n’y aura que la fin qui a suscité mon intérêt.
Aucune originalité donc dans cette histoire dont les messages que l’on peut en tirer sont très simples : l’argent ne fait pas le bonheur, la vraie richesse est intérieure, on ne voit bien qu’avec le cœur.
Une histoire qui restera anecdotique et quelconque dans mon esprit.

Citations :
« Et dire que mon âme je n’en fis connaissance que récemment, sur une plage perdue. » p.57


En quelques mots :
L’histoire d’un millionnaire, qui fait faillite, et qui réfléchit à sa vie et exprime des regrets.
Un récit qui se veut philosophique mais qui est d’une simplicité presque enfantine. Une fin sympa mais un roman qui dans l’ensemble manque d’originalité.


Ma note pour ce livre :
1/5



mardi 19 juillet 2016

Aimer trois fois par jour - Fausto Brizzi


Fausto Brizzi est un auteur italien, scénariste, réalisateur, producteur plusieurs fois récompensé. Ses deux premiers romans ont connu un joli succès et ont été traduits dans une trentaine de langues : Les beignets d’Oscar (2015) et Mes 100 jours de bonheur (2016). Aimer trois fois par jour est son troisième roman.

Titre du livre :
Aimer trois fois par jour
Auteur :
Fausto Brizzi
Editions :
Fleuve Editions
Genre :
Roman contemporain
Date de sortie :
Mai 2016
Pages :
297
Thèmes :
Dépression, remise en question, suicide, amitié, amour, bonheur



Résumé éditeur :

Il existe une différence fondamentale entre aimer quelqu'un et le rendre heureux. À plus de quarante ans, un mariage conjugué au passé, des enfants distants et une dépression à son actif, Diego Anastasi l'ignore encore.
Comme sa vie ne ressemble désormais guère à une partie de plaisir, il cherche du réconfort auprès de ses proches et fait une découverte inattendue : peu nombreux sont ceux qui désirent prendre réellement soin de lui. Or, Diego aussi était souvent aux abonnés absents pour apporter du soutien à autrui...
Alors qu'il peine à voir la lumière au bout du tunnel, la rencontre avec un inconnu va changer la donne : et si le bien-être personnel passait par le bien-être des autres ?
Convaincu de tenir la clé de sa rédemption, Diego se lance corps et âme dans sa nouvelle mission : créer le bonheur de ses proches.

Mon avis détaillé :

C’est en touchant le fond que notre personnage principal Diego, va prendre conscience qu’il a le pouvoir de changer les choses et qu’il n’est pas trop tard pour profiter de sa vie et de ses proches. C’est parfois au détour d’une rencontre inattendue ou lors d’une conversation profonde avec un inconnu que l’on ouvre les yeux. Le déclic survient souvent lorsque l’on s’écarte du chemin habituel.

Je dois dire que j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Pour moi il y a clairement deux parties distinctes dans ce roman.

La première partie traite du mal être de Diego et de sa descente aux enfers. Nous le suivons lors de plusieurs séances chez son psychiatre lors desquelles il va se livrer sur son enfance et remonter le fil de son passé afin de mieux comprendre l’homme qu’il est maintenant. Le ton qu’il utilise est tantôt ironique tantôt émouvant. Et c’est ce qui fait que tout cette première partie sur la dépression en elle-même est très poignante. On a un homme qui tombe en dépression et se retrouve en totale solitude, ses amis et sa famille semblent l’ignorer et minimiser ses problèmes. Lui qui ne pensait que ça ne lui arriverait jamais il se retrouve en séances à parler de son enfance avec un psychiatre. Son psychiatre qu’il désigne de façon très flatteuse « le rat géant », « le petit castor », « le rongeur ». Comme beaucoup, Diego a des préjugés sur la dépression et les personnes qui en souffrent, jusqu’au jour où ça lui tombe dessus, il utilise la moquerie et le ton ironique comme moyen de défense. C’est donc avec pas mal d’autodérision que le personnage commence sa propre analyse avec son psychiatre.
[D’ailleurs petite remarque personnelle : je ne sais pas si c’est une erreur de traduction ou un choix de l’auteur mais pendant tout le roman le personnage va parler de lui comme « déprimé », jamais n’est utilisé le terme « dépressif ». Or ces deux termes sont à nuancer fortement selon moi, après je ne sais pas si cette nuance existe en italien mais j’avoue quand même que ça m’a énervé de lire ce terme « déprimé » au lieu de « dépressif ». Est-ce un choix de l’auteur et dans ce cas-là il minimise lui aussi la dépression ou bien est-ce que c’est son personnage qui use encore une fois de dérision vis-à-vis de lui-même et qui n’accepte pas finalement la maladie dont il souffre ? Je ne sais pas c’est bizarre, éclairez-moi si vous avez un avis sur le sujet !] Lors de son analyse, Diego revient sur des passages importants de son enfance avec son recul d’adulte, il nous livre par exemple une déclaration d’amour posthume à son grand-père, ce passage est vraiment très émouvant.

J’ai trouvé toute cette première partie qui traite de la dépression intéressante. L’auteur utilise des chiffres, on a du factuel sur cette maladie, il nomme aussi des personnes célèbres qui ont souffert de ce « mal de vivre ». Bref j’ai trouvé que c’était bien fait. A la fin de la première partie Diego est au plus bas, il fait face à l’incompréhension totale de ses proches qui frôle parfois avec de l’indifférence. Au plus bas moment de sa dépression il va envisager le suicide.



A partir de cet évènement, nous entrons dans ce que j’appelle la deuxième partie du roman. Diego rencontre Massimiliano. Ce personnage est d’une importance capitale car il va presque remplacer le rôle du psychiatre de Diego. Massimiliano va lui ouvrir les yeux et le forcer à regarder la vérité en face. Qu’a-t-il fait de bien pour ses proches récemment ? A-t-il été suffisamment présent pour eux ? Il va l’amener à le faire réfléchir et lui montrer que la démarche du pardon est essentielle dans l’optique d’aller de l’avant. Diego reproche à ses proches de ne pas avoir été là pour lui mais lui, était-il là pour eux ? Diego va tenter d’apporter du bonheur à son entourage. Il va s’y prendre de façon extrêmement maladroite et ne va pas forcément utiliser les bons moyens pour y arriver. Via des mises en scène, des trucages, et des mensonges, tous ses efforts pour régler les petits problèmes de ses proches vont lui retomber dessus. Cette partie m’a moins plu que la première car je n’ai pas compris pourquoi Diego employait ses moyens là. Apporter du bonheur va devenir comme une thérapie. Diego a l’esprit occupé et de ce fait il n’a plus le temps de penser à son propre malheur. En effet dans cette deuxième partie, on ne parle plus du tout de la dépression et de la psychanalyse. J’ai eu l’impression que sa dépression disparaissait comme par magie et du coup j’ai trouvé que le traitement de la maladie et surtout de la guérison manquait de nuances.

J’ai tout de même beaucoup aimé ma lecture et la fin du roman. On a un joli message de fin, un peu idéaliste mais c’est le genre de fin qui fait du bien et qui fait réfléchir sur les priorités de la vie. Souvent on cherche le bonheur trop loin alors qu’il est juste sous nos yeux, mais c’est bien de s’en rendre compte soi-même, ça fait avancer. Nous avons également un beau discours sur l’amitié.

Pour conclure, l’auteur arrive à parler de la dépression de façon très juste avec le thème de la solitude, de l’incompréhension des proches vis-à-vis de la maladie, des préjugés que l’on avant que ça nous arrive. Attention ce n’est pas un livre « médical » même si l’auteur s’est bien renseigné sur la dépression, le traitement de la guérison reste cependant selon moi trop idéalisée et manquant de nuances.
C’est un livre positif dans lequel on passe de l’ombre àla lumière, du noir au blanc. J’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture, ça se lit très bien, la plume de l’auteur est géniale, à la fois juste, émouvante, il arrive aussi à mettre des petites touches d’humour. L’auteur nous embarque dans une histoire formidable, très bien écrite. Ce livre ne m’a pas laissé indifférente et je ne peux que vous le recommander.



Par contre encore une fois on a un titre traduit en français qui n’a rien à voir avec le titre VO puisque que le titre en italien donne : « Si vous m’aimez ». J’aimerais bien savoir comment on est passé de « Si vous m’aimez » à « Aimer trois fois par jour ».



Citations :

« Je découvrais à mes dépens que le proverbe ‘c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses vrais amis’ avait un fond de vérité. Non que je mette en doute leur affection à mon égard mais le fait est qu’aucun ne me lançait de bouée de sauvetage. Entre autres parce que aucun ne pensait que j’étais vraiment en train de me noyer. Je vous l’ai dit, j’avais moi-même toujours sous-évalué le potentiel destructeur de la dépression. » p.95

« Il est inutile voire impossible d’expliquer la dépression à qui ne l’a pas vécue. » p.125

En quelques mots :

Un ouvrage touchant sur un homme qui va connaître l’enfer de la dépression puis remonter la pente en se consacrant au bonheur de ses proches. C’est avec une vision idéaliste que l’auteur nous délivre des messages positifs sur l’amitié et sur le bonheur. Un roman qui m’a émue et qui m’a fait passer un excellent moment. Une très belle histoire à lire !!


Ma note pour ce livre :
4,5/5



dimanche 10 juillet 2016

Coup de coeur - Passé imparfait de Julian Fellowes


Titre du livre : Passé imparfait
Auteur : Julian Fellowes
Editions : 10-18
Genre : roman historique
Date de sortie : juin 2015
Pages : 646
Thèmes : haute société britannique, aristocratie, souvenirs, passé, nostalgie, jeunesse dorée, sixties

Résumé éditeur : Une invitation de Damian Baxter ? Voilà qui est inattendu ! Cela fait près de quarante qu’ils sont fâchés ! Inséparables durant leurs études à Cambridge, leur indéfectible amitié s’est muée en une haine féroce, suite à de mystérieux événements survenus lors de vacances au Portugal en 1970. Après de déconcertantes retrouvailles, la révélation tombe : riche, à l’article de la mort, Damian charge le narrateur, sur la foi d’une lettre anonyme, de retrouver parmi ses ex-conquêtes – six jeunes filles huppées qu’ils fréquentaient alors – la mère de son enfant. Un voyage vers le passé plein de fantômes et de stupéfiantes révélations… Avec une verve élégante, le créateur de la série Downton Abbey signe un portrait au vitriol de l’aristocratie anglaise bousculée par les sixties.
« La vraie affaire de Fellowes, c’est le milieu qui l’a vu naître : l’aristocratie anglaise. (…) Un régal aux senteurs surannées, comme les Anglais en ont le secret. »
Les Inrockuptibles

Mon avis :  
Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai énormément aimé. L’auteur Julian Fellowes est le créateur de la série télé Downtown Abbey qui est une série que j’aime à la folie et qui fait partie de mon top 5 de mes séries préférées.

Le titre Passé imparfait porte très bien son nom puisqu’il évoque exactement ce dont va parler le livre. L’auteur nous propose un véritable voyage dans le passé. Nous sommes en Angleterre dans la haute société britannique entre le présent des années 2000 et le passé des années 60-70. A cette époque les grandes familles aristocrates sont confrontées aux limites de leurs mode de vie, du fait des bouleversements de la société avec le libéralisme et les sixties.

J’ai adoré ce livre mais je préfère vous prévenir ; l’histoire de l’Angleterre et l’aristocratie britannique sont des thèmes qui m’intéressent énormément à la base. Si vous n’avez pas d’intérêt pour ces thèmes vous risquez de trouver le livre long, il n’y a pas beaucoup d’actions mais personnellement le rythme m’a convenu. Il est certes lent mais convient bien à l’introspection que fait le narrateur sur son propre passé et à la narration des souvenirs.

Les personnages principaux sont des hommes et des femmes qui avaient la vingtaine dans les années 70 et on les retrouve donc maintenant dans le moment présent, ils ont tous la cinquantaine. Finalement le récit est centré autour d’un petit groupe de jeunes gens de la haute société qui se sont fréquentés lors de la Saison (période durant laquelle les jeunes gens privilégiés sont introduits dans la bonne société et où ils doivent se placer souvent sous la pression des parents, pour assurer leurs avenirs. Période rythmée par les bals, et les soirées mondaines).
Parmi ce petit groupe représentatif de la jeunesse dorée londonienne de l’époque, nous rencontrons la princesse du petit royaume de Moravie, des riches héritières, filles et fils de bonne famille, et puis nous avons nos deux personnages principaux : le narrateur et Damian Baxter.
On ne connaît pas grand-chose du narrateur, on ne connaît pas son nom, on sait juste qu’il fait partie de la haute société et qu’il est écrivain. On sait aussi que c’est lui a introduit le fameux Damian Baxter dans leur groupe d’élite sociale. Damian Baxter quant à lui ne fait pas partie de leur monde mais réussit à s’y faire inviter notamment grâce à son pouvoir de séduction qu’il exerce sur ses jeunes femmes aristocrates. Il est séduisant, intelligent, un peu manipulateur, et considéré comme un arriviste dans ce milieu fermé. Ces deux hommes sont amis dans les sixties mais on apprend dès le début que leur amitié a été brisé lors d’un voyage du groupe au Portugal en 1970. Malgré plusieurs références à cet événement mystérieux tout au long du roman, il ne sera révélé qu’à la toute fin de l’histoire, ce qui attise la curiosité du lecteur.

Nous sommes dans le présent dans les années 2000, Damian Baxter qui est devenu richissime car il a réussi dans les affaires, est atteint d’un cancer, il lui reste 3 mois à vivre. A l’article de la mort, il veut finalement donner suite à une lettre anonyme qu’il a reçu 20 ans plus tôt l’informant qu’il avait eu un enfant avec une de ses aventures d’un soir avec une de nos nobles dames. Il souhaite retrouver son enfant inconnu afin de le coucher sur son testament. Il établit une liste de 6 femmes avec qui il a couché à la même période et qui pourrait correspondre. Il reprend contact avec le narrateur et le charge de mener à bien cette mission pour lui.

C’est sur cette intrigue que débute vraiment l’histoire. Le voyage commence pour le narrateur, un voyage à la fois physique à travers l’Angleterre et même à Los Angeles et c’est aussi et surtout un voyage dans les souvenirs de sa jeunesse passée, ainsi que celle de Damian. Il doit retrouver la femme qui a eu un enfant illégitime avec Damian, sa quête va donc l’entrainer en plein dans des secrets de famille.

Le récit est construit d’allers-retours entre présent (années 2000) et passé (1960-1970). Le narrateur replonge donc dans son passé et revient sur sa jeunesse au sein de la haute société londonienne et nous apporte son regard d’adulte sur les mœurs et les règles de vie de cette classe sociale élitiste.
C’est ce point de vue sur l’aristocratie qui est intéressant et passionnant, pleins de remarques piquantes et de réflexions sur ces gens jalonnent le roman. C’est un regard acide sur le mode de vie des aristos et leurs habitudes que nous propose l’auteur. Par exemple le code vestimentaire et le fait de devoir se changer plusieurs fois par jour, il dénonce l’hypocrisie des relations, les mères coureuses de bon parti pour leurs filles… Il reprend tout ce qui compose l’étiquette et les « bonnes » manières et les tournent en dérision.

Ce qui est original et que j’ai aimé, c’est que c’est un point de vue interne d’un homme qui fait partie du milieu et qui avec le temps a pris le recul nécessaire pour voir ce qui n’allait pas dans ce milieu. Il se permet de se moquer et il met le doigt sur le côté ridicule du mode de vie des aristos et il met en avant le gros décalage entre ce mode de vie là et la modernité. La société évolue tandis qu’eux ont du mal à s’adapter, ils sont parfois tellement à part qu’ils ne se rendent pas compte que leur façon de vivre réglée par l’étiquette est dépassée. C’est avec la voie d’élément perturbateur tel que le personnage de Damian Baxter que l’on va avoir des confrontations, et des séquences drôles.

Un des thèmes importants du récit est le changement. Effectivement c’est avec le recul des années que le narrateur va pouvoir faire son introspection. Il va se rendre compte lors de ses rencontres avec les personnes de la haute qu’il a connu des années auparavant que le temps a eu beaucoup d’effets. Des grandes familles riches qui étaient plus ou moins au top dans les sixties, certaines ont tout perdu et se retrouvent bien malgré elles contraintes à vivre de façon bien différente.

Au niveau des émotions il y a beaucoup à dire. Grace à la mission dont il est investi le narrateur va se rendre compte qu’il a été émotionnellement passif toute sa vie. Il a laissé passer son grand amour. Ce n’est qu’à l’âge de 50 ans qu’il va enfin connaître un moment d’amour et de bonheur intense ! Car oui dans ce roman il est aussi question d’amour et de regrets. C’est pour vous dire à quel point à cette époque la haute société est régie par le code ultime : le contrôle des émotions. Il est très mal vu dans cette société d’exprimer en public ses émotions. On est toujours dans la retenue, et encore une fois lorsque l’on a des éléments perturbateurs qui font des « scandales » lors de réceptions, on a droit à quelques situations comiques. Les femmes ne choisissent pas leurs maris, ce sont bien souvent des mariages de raison organisés par la famille où l’enjeu est forcément économique. Ainsi femmes comme hommes passent souvent à côté de l’amour et deviennent aigris avec le temps des regrets. C’est ce qu’on ressent à travers certains personnages de cette histoire.

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce livre hormis les thèmes, c’est que l’auteur donne à voir cette haute société aristocrate avec un autre regard. J’ai trouvé une certaine complicité entre le lecteur et l’auteur. Le style corrosif m’a plu. Les descriptions sont bien fournies, on visualise les belles demeures, les grandes pièces et les magnifiques domaines. L’intrigue en soi n’est pas très originale mais j’ai quand même énormément aimé ma lecture car le contenu est très dense et intéressant. On sent que l’auteur est très documenté sur le sujet car le livre est très riche en informations.

L’auteur nous propose un véritable retour dans les souvenirs d’une jeunesse passée au sein de l’aristocratie à une période délicate pour leur « survie ».
Julian Fellowes propose une vision sombre et désenchantée de l’aristocratie britannique, mais on sent malgré tout de la nostalgie.
J’ai adoré ce livre pour son aspect historique d’un point de vue évolutif, c’est-à-dire qu’on suit l’évolution des personnages à travers les sixties jusqu’à nos jours. C’est un roman qui parle du passé et de ses effets sur chacun de nous. Comme je l’ai dit, l’action n’est pas omniprésente, ne vous attendez pas à des révélations et des rebondissements en folies. Il faut juste se laisser doucement porter de souvenir en souvenir.

Pour conclure :
Enfin un roman comme je les aime, avec du contenu, qui m’a fait passer un très bon moment. J’ai adoré être plongé dans ce monde de richesse et d’étiquette. L’auteur, en toute honnêteté mais avec une certaine nostalgie, égratigne l’image de l’aristocratie, monde impitoyable fait d’hypocrisie et de fausseté, de mensonges, et où tout est question d’apparences. Tout ça pour faire honneur à un nom ou à un titre et pour briller quoi qu’il arrive, prêts à tout pour assurer leur rang et rester au sommet en évitant à tout prix la honte et le scandale.
Passé imparfait est un roman savoureux où le monde très snob de l’aristocratie se confronte au sixties, synonyme de révolution intellectuelle, amour libre, drogues.

Citations / extraits :
« Ces gens qui veulent tout contrôler ont un effet paralysant autour d’eux, ils étouffent tout le monde, […]. Quand ils sont invités, ils sont incapables de se décontracter en public. Cela voudrait dire qu’ils éprouvent de la gratitude, et pour eux la gratitude est un signe de faiblesse. Ils sont également insupportables en tant qu’hôtes, notamment dans les restaurants où ils sont imbuvables envers les serveurs et les convives, et empoisonnent l’ambiance. Ils sont incapables d’admirer quelqu’un qui a mieux réussi qu’eux. Ils ne supportent pas les amis de leurs conjoints car ces gens extérieurs ne sont pas forcément enclins à reconnaître leur supériorité. Mais comme ils n’ont pas non plus d’amis personnels, ils finissent par considérer toute assemblée avec méfiance. Ils ne peuvent dire du bien de qui que ce soit puisque cela impliquerait de reconnaître de la valeur à cette personne et que ces censeurs fonctionnent en retirant à tous ceux qui les entourent la moindre valeur. Ils ne peuvent rien apprendre puisque cela demanderait de reconnaître que leur professeur en sait plus qu’eux et cela leur est impossible quel que soit le sujet. Et puis surtout ils sont barbants. Barbants à un point … » p.271

« Je m’étais vraiment demandé ce que j’allais voir du monde moderne en acceptant les quelques deniers de Damian. C’était peut-être un choc de découvrir qu’un certain mode de vie dont on n’avait cessé de nous dire dans les années 1960 qu’il était en train de mourir, était en fait tout à fait vivant et peut-être même plus courant qu’à l’époque. Je me considère comme ayant une certaine aisance et j’ai passé pas mal de temps dans des demeures qu’on peut estimer enviables, mais je commençais à comprendre qu’il ne s’agissait pas, comme avant, de quelque rare millionnaire vivant comme à l’époque edwardienne […]. Non, aujourd’hui il existe toute une classe de gens très riches aussi nombreux qu’à l’époque géorgienne et dont le mode de vie est toujours luxueux. La seule différence, c’est qu’à l’heure actuelle tout se passe derrière des portes opaques qui facilitent la représentation erronée qu’en font les médias. Le résultat c’est que […] cette nouvelle espèce ne ressent pas le besoin de diriger les masses publiquement, mais seulement dans l’ombre du trône. » p.389 et 390

« Je ressens une profonde nostalgie pour l’Angleterre de ma jeunesse et je trouve que nous avons beaucoup perdu, mais il faut aussi savoir reconnaître ce qui n’allait pas et pourquoi certains changements devaient absolument avoir lieu. » p.543
En quelques mots : 
Une excellente lecture d’une grande richesse. Une histoire fascinante « so british » faites de Lords et de Ladies aux destins imparfaits. L’auteur m’a bluffé par son style, son humour, et sa fin surprenante.
Ma note pour ce livre :
5/5 



dimanche 3 juillet 2016

Ilot mortel à Trégastel de Bernard Enjolras

Titre du livre : Ilot mortel à Trégastel
Auteur : Bernard Enjolras
Editions : Alain Bargain
Genre : roman policier
Date de sortie : 2010
Pages : 255

Résumé éditeur :
Pourquoi diable, Bernie Andrew, célèbre auteur de romans policiers, a-t-il accepté l’invitation de Georges Brauman, chirurgien renommé ? Ce dernier l’a convié, avec d’autres invités, à passer un week-end dans la petite île privée qu’il possède au fin fond des Côtes d’Armor. Une très forte tempête qui va immanquablement isoler les lieux pendant plus d’une nuit, est annoncée. Et c’est dans une ambiance encore plus pesante que le maitre de maison s’avère être détesté de tous, que, soudain, les drames vont s’enchainer. La partie n’est cependant pas gagnée d’avance pour le ou les criminels, car « l’homme du métier » qu’est Bernie Andrew est témoin de cette nuit tragique. Mais il en est aussi acteur … Saura-t-il ou voudra-t-il démêler l’écheveau infernal de cette affaire ourdie de façon machiavélique ?

Mon avis : 
Bernie Andrews est un auteur de roman policier qui a récemment recruté un assistant, ce dernier est le narrateur de cette histoire. Ils vont être invités à passer un week-end à Trégastel dans les Côtes d’Armor dans une belle demeure située sur une ile privée. Lors de la première nuit, un drame va avoir lieu, même un double drame. Nous sommes donc embarqués dans un double meurtre à huit clos.
Ce qui m’a plus dans cette lecture c’est tout d’abord le cadre qui est splendide. L’histoire prend place dans la magnifique ville de Trégastel dans les Côtes d’Armor, sur la côte de granit rose. Le fait que ce soit sur une île isolée dans une belle demeure rajoute un côté mystérieux, un petit plus qui m’a séduite.
Au niveau de l’écriture j’ai trouvé que l’auteur allait à l’essentiel dans son récit, aucune fioriture. Le récit m’a tenu en haleine du début à la fin. On a du suspense, c’est assez palpitant, l’enquête est menée de façon intelligente. Etant donné que c’est un huit clos on sait d’emblée que chaque personne présente lors du drame est susceptible d’être le coupable. Et bien même en sachant cela, l’auteur a réussi à me surprendre.
J’ai passé un bon moment de lecture. La seule petite chose qui m’a dérangé c’est le personnage de l’enquêteur de police, j’ai trouvé qu’il ne convenait pas dans son rôle, il s’effaçait trop devant Bernie, et c’est finalement ce dernier qui prend le dessus sur l’enquête et qui va apporter les pistes de réflexion. C’est sans doute pour mettre en avant son personnage phare que l’auteur a fait ce choix, mais ça m’a un peu dérangé.

En quelques mots :

Un bon polar que j’ai lu en une après-midi sur la plage et qui a comblé toutes mes attentes. Du suspense, un cadre magnifique et un dénouement surprenant.

Ma note pour ce livre : 

4/5